Le récit complet de mon voyage en Afrique,
du 19 au 23 Juin 2001
(toutes les photos sont cliquables pour être affichées en plus grand)
J. 1 : Mardi 19 Juin 2001 - Printemps (en Europe)
Aéroport de Roissy-Charles de Gaulles, Paris. 15 h 00. Nous sommes presque tous là, déjà, prêts à embarquer pour Londres, où nous ferons escale quelques heures avant de partir définitivement vers l'Afrique, via Johannesburg. Premières rencontres, retrouvailles pour certains se connaissant déjà. Je constate que je suis le plus jeune du groupe ! Parmi les participants, on compte plusieurs chasseurs d'éclipses, dont Robert Lartigau (c'était sa 12ème totale), Philippe Morel (sa 6ème), Claude Ferrier, notre accompagnateur (sa 4ème) et quelques autres accumulant des scores comparables. Pour la plupart, comme moi, c'était leur deuxième éclipse totale, après celle du 11 août 1999 en France, évidemment. Parmi ceux-là on distinguait deux catégories : ceux qui avaient eu un ciel nuageux ce jour-là et voulaient se venger en voyant une totale dans un ciel clair une bonne fois pour toutes. Et les autres, les chanceux du 11 août qui avaient pu voir toute l'éclipse et qui, bouleversés par le phénomène, n'ont pu s'empêcher d'aller voir la suivante... Moi je me situe un peu entre les deux, vu que j'ai eu pas mal de nuages (mais que j'ai aussi vu un peu la couronne du 11 août...).
15 h 30 : premier imprévu : l'avion pour Londres ne décolle pas à 17 h 20 comme prévu mais à 16 h 20 !! Il faut vite commencer à enregistrer les bagages. Ça tombe d'autant plus mal que deux des participants ne sont pas encore arrivés. Heureusement, ils arrivent à temps et voilà notre groupe de 32 dingues francophones (27 Français et 5 Suisses) qui embarque pour l'une des aventures les plus folles qu'ils aient connues...
Après 55 minutes de vol, notre Boeing 737 arrive à Londres Heathrow, après avoir survolé la capitale britannique. La clarté de l'atmosphère nous a permis de voir sans problème le centre de la ville et ses principaux monuments, tels le "dôme Millenium", Tower Bridge, Big Ben, Buckingham Palace et plusieurs parcs... sans oublier les innombrables terrains de golf éparpillés dans l'immense banlieue londonnienne...
Notre escale de trois heures à Londres nous a permis de faire plus ample connaissance autour d'un premier apéro (et je peux vous dire qu'il y en aura bien d'autres...). L'occasion de faire le point sur les diverses expériences de chacun, les prévisions de l'éclipse à venir et les prochaines, et plus globalement du programme du voyage qui commence...
A 22 h 30 (heure de Paris), nous décollons enfin pour l'Afrique, dans un Boeing 747 de la South African Airways à destination de Johannesburg. 10 heures de vol en perspective... C'est parti !
J. 2 : Mercredi 20 Juin 2001 - Automne (en Afrique du Sud)
Il est 9 h 30 environ lorsque nous arrivons en vue de Johannesburg, capitale économique de l'Afrique du Sud, ce pays mythique aussi beau que marqué par l'histoire... Quelques minutes auparavant, le Soleil levant nous avait permis d'admirer les reliefs du nord du pays à plus de 10 000 mètres d'altitude dans un ciel parfaitement clair.
A la descente de l'avion, le changement de climat se fait immédiatement sentir : il fait à peine 10 degrés, et chacune de nos bouffées d'air produit un nuage de vapeur caractéristique à toute saison hivernale... Mais le Soleil brille dans le ciel africain, d'un bleu éclatant.A l'aéroport nous sommes accueillis par Hervé, le guide local du Tour-opérator, qui nous fera la "visite-commentée" de Johannesburg dans le bus, le temps de rejoindre l'hôtel et le restaurant dans lequel il est prévu que nous passions notre premier déjeuner africain.
Situé à environ 50 kilomètres de l'aéroport, il nous a donc fallu près d'une heure pour le rejoindre, le temps de contourner Johannesburg par le périphérique et admirer par la même occasion les changements du pays... et tout ce qu'il reste à faire !Nous sommes ainsi passés devant de vieilles mines d'or, la première gloire du pays, et la raison principale de sa colonisation. Nous avons également longé Soweto, le fameux ensemble de 35 quartiers populaires, qui, selon notre guide, compte plus de maisons "normales" que de bidonvilles, ce que nous avons pu effectivement constater (de loin). Mais le plus "amusant", si je puis dire, fut la suite de vendeurs au bord de la route, se succédant les uns après les autres à la recherche de n'importe quel sou en vendant n'importe quoi. C'est ainsi que se sont succédé des dizaines de vendeurs de pinces à linge, d'enjoliveurs, de poêles et casseroles diverses, de fruits et légumes, et j'en passe... sur des dizaines de kilomètres, au soleil, le long de l'autoroute.
Lorsque nous arrivons à l'hôtel Misty Hill, où se trouve également notre restaurant, "Le Carnivore", il est 11 h 30. 10 chambres sont mises à disposition du groupe, nous avons 40 minutes pour prendre une douche et nous présenter au resto à l'heure précise. En quelques minutes, nous sommes tous parés.
L'hôtel Misty Hill, près de Johannesburg... un petit paradis !
Vues de l'entrée et des jardins de l'hôtel Misty Hill... (non non, ce n'est pas un vrai hippo, malheureusement)
Des fleurs, des plantes, des arbres partout... à peine la place pour déambuler entre deux lodges !Le temps de prendre quelques photos des sublimes jardins de l'hôtel, jonchés de quelques sculptures en tôle représentant un hippo ou un buffle, et nous voilà au "Carnivore" pour une heure et demie de folie gastronomique ! Le slogan du resto : "Venez en Afrique, voyez des animaux, et mangez-les" !! C'est ce que nous avons fait.
Au menu :
Une bonne soupe locale avec quelques croûtons, délicieuse, suivie des plats principaux (accompagnés de quelques légumes et patates) :Saucisses de porc : pas mal, on connaît. Saucisses d'antilope : goût bizarre, plutôt bon. Antilope grillée : très bon, bien juteux... Poulet sauvage grillé (peut-être lézard, en fait, on sait pas trop) : excellent. Poulet enrobé-confit : très bon, ça m'a fait penser à certains plats chinois. Poulet aux piments : hmm... pas trop mon truc. Autruche : succulent. Girafe : la meilleure surprise, délicieux. Je recommande. Crocodile : très exotique... Viande assez grasse et gélatineuse, pas très typée. Moyen mais amusant. Buffle : l'un des meilleurs steaks qu'il m'ait été donné de manger.
Et par dessus ça, une petite glace pour digérer le tout... Ce repas fut vraiment mémorable !!
L'entrée du restaurant "Le Carnivore"
Pour vous donner une idée du Carnivore...Après avoir ingurgité le dernier verre de vin rouge sud-africain (dont la plupart des cépages sont français, d'ailleurs), nous devons remonter dans le bus pour retourner à l'aéroport illico pour prendre notre avion affrété exprès pour notre groupe, à destination de Lusaka !
Un bel oiseau sud-africain photographié à travers les fenêtres du "Carnivore" !Encore 50 minutes de bus, mais cette fois-ci en contournant Johannesburg par le nord, histoire de voir le reste de la banlieue... Et nous revoilà à l'aéroport, encore quelques contrôles de passeport et voilà, plus qu'à attendre l'heure de l'embarquement dans notre petit avion affrété spécialement pour nous !
La plupart d'entre nous en ont profité, évidemment, pour prendre un verre ou aller se balader au Duty Free. Pour ma part, j'ai flâné dans quelques magasins de disques pour essayer trouver la rareté en musique de film introuvable en France. Je suis tombé dessus, mais pas de bol, je venais de le recevoir en gravé quelques semaines auparavant... Tant pis !Vers 14 h 00, nous embarquons dans l'avion de la compagnie British Aerospace, que je recommande car... ce vol fut tout simplement le plus fabuleux de toute ma vie !!
L'un des trois apéros auxquels nous avons eu droit durant les trois heures de vol entre Johannesburg et Lusaka ! La preuve que les Français méritent leur réputation en matière de boissons alcoolisées !D'abord, l'avion était vraiment très sympa. Deux hélices bruyantes, pas plus de 2 m 50 de large en cabine, mais une convivialité là-dedans, je vous raconte pas ! Deux pilotes, deux hôtesses, et TROIS apéros en trois heures de vol... que rêver de mieux !! Et bien sûr, un coucher de Soleil en direct via les hublots gauches de l'appareil... Fabuleux !! Et l'arrivée à Lusaka en pleine nuit, avec toutes ces lumières partout, je m'en souviendrai toute ma vie ! Atterrissage avec succès, nous voilà en Zambie, il fait beau, l'air est frais, tout est parfait... A la descente de l'appareil, c'est l'euphorie : la Croix du Sud brille au-dessus de nous. Pour une bonne part du groupe, c'est leur première fois... Notre objectif maintenant : retrouver le deuxième groupe du voyage, celui mené par les Delaye, déjà en Zambie depuis le 11 Juin.
Il est 19 h 30 lorsque nous passons la douane zambienne, qui ne chipote pas sur les touristes, si rares par ici en temps normal. Depuis plusieurs jours, cet aéroport international aux allures de petit aéroport de campagne a sûrement vu affluer plus de touristes que durant les 12 précédents mois réunis... Autant vous dire que les autorités locales ont mis le paquet pour appâter le client, en commençant par éviter les problèmes de douanes... Mais dès que l'argent rentre en jeu, ils en profitent autant qu'ils peuvent (et ma foi, ils ont bien raison, des occasions pareilles ça n'arrive pas tous les jours...).
Dehors, le bus sud-africain nous attends calmement. On ne sait pas encore que c'est un miracle qu'il soit là... En effet, plus tard dans la nuit nous apprendrons qu'un décret des autorités zambiennes a interdit la circulation des bus étrangers à l'occasion de l'éclipse... pour ne pas faire de concurrence au bus locaux... Or le nôtre (ou plutôt LES nôtres en comptant celui du deuxième groupe de français mené par Yves et Geneviève Delaye), sont des cars sud-africains, affrétés spécialement pour nos groupes, en remplacement précisément des bus zambiens, nettement moins confortables ! Ils ont dû se taper 3 jours de route de Johannesburg à Lusaka pour nous retouver ici... Tout ça pour dire que l'agence a dû payer 4000 $ pour régulariser cette situation... Nous sommes en Afrique, la corruption fait bon ménage, c'est tout à fait normal...Vers 21 h 30, nous arrivons à l'hôtel Ibis Garden pour dîner (rien à voir avec la chaîne Ibis en France...). C'est dans les jardins de cet hôtel, situé quelques kilomètres au nord de la ligne de centralité de l'éclipse, que nous allions observer le phénomène le lendemain. Mais ce n'est pas là que nous avions nos chambres de réservées, mais à Kabwe, à une heure de route plus en nord encore... Deux choix s'imposent donc à nous après le dîner à cet hôtel : ou bien aller à l'hôtel de Kabwe dormir dans un lit bien chaud toute la nuit, mais n'observer le ciel austral que quelques heures en pleine ville, OU BIEN passer la nuit dehors dans les jardins de l'hôtel, observer le ciel toute la nuit, et n'avoir comme refuge pour dormir qu'un bus déjà rempli aux trois quarts par le premier groupe des Delaye, terrorisé à l'idée de ne peut-être pas pouvoir retourner sur le site d'observation le lendemain à cause des autorités... Le gros problème de la nuit a donc été de partager le bus à 45 pour pioncer... ce qui ne fut pas une mince affaire.
Bref, à l'heure du dîner nous étions encore loin de ces problèmes, et nous avons une fois de plus essayé quantité de spécialités locales. La plus étrange ressemblait à une espèce de cube de viande en éponge, mais qui n'était pas de la viande : "only vegetable" selon le serveur ! Drôle de texture, drôle de goût... Amusant. A cette heure on ignore encore ce que c'est...
Après le repas, on décharge tout notre matériel du bus, du moins pour ceux qui restent sur place. Pour ma part, je sors mes trois trépieds photos et charge mon vieux reflex d'une pellicule diapo 400 ASA pour faire quelques photos grand champ du ciel austral (genre circum "sigma octan" et compagnie !).
Ceux qui ont apporté leur monture commencent le montage, à la lumière de la lampe installée sous la tente du buffet froid prévu pour le midi du lendemain. La température commence à se rafraîchir, mais le ciel est superbe : une superbe nuit d'astro dans l'hémisphère sud se profile...Vers 23 h 00, nous commençons à montrer les premiers instruments sur le champ d'observation de l'éclipse, accompagnés de quelques autres membres du groupe des Delaye, et les Delaye eux-mêmes. Parmi les plus gros instruments transportés, un Meade ETX-125, un NexStar5 de 127mm et plusieurs lunettes de 60mm de diamètre... Les "pros" commencent à mettre leurs montures en station sur le pôle céleste sud, pour avoir un suivi parfait du soleil le lendemain, du début à la fin de l'éclipse, et éviter ainsi tout bougé ou recadrage inutile. Pour certains, habitués à pointer l'étoile polaire, c'est une grande première, mais pour d'autres comme Yves Delaye, la manoeuvre est effectuée sans problème. Vers 1 h 00, la plupart des instruments sont mis en station, et ne doivent plus être bougés d'un centimètre avant l'éclipse ! Personne ne doit shooter dans les trépieds sinon c'est la baffe garantie !! Ainsi, Yves Delaye et quelques autres sont restés toute la nuit assis dans une chaise auprès de leur instrument, à attendre le lever du Soleil, puis le premier contact... environ 12 heures en tout !!
Pour ma part, j'ai installé mes trois trépieds photo dans un endroit stratégique, aux premières loges, avec un petit arbuste en premier plan pour mes photos d'ambiance... Et là où j'étais, personne ne risquait de venir bouger mes instruments ou me cacher le spectacle au moment fatidique. Eh oui, c'est ça préparer son observation !! Eh, attention, je suis loin d'être le plus atteint...Une fois mes bricoles installées (ce qui m'a pris 5 minutes...), j'ai pu faire des photos astro à gogo et vagabonder sur la champ astro à la recherche d'une lunette libre pour regarder les merveilles encore inconnues du ciel austral... J'ai notamment pu profiter du Nexstar5 de Philippe Morel, installé à trois mètres de moi, et qui a passé la nuit à faire tourner son moteur en attendant l'éclipse, lui aussi...
L'un de mes nombreux "circum" sur le pôle céleste sud...
(avec au centre le Petit Nuage de Magellan)Comment résumer cette nuit de folie ? C'est difficile... D'abord, un grand nouveau nous a tous fortement surpris : le froid !! Après minuit, il s'est fait nettement ressentir, pour devenir encore plus sec et douloureux au fil des heures... Autant vous dire tout de suite que ce fut notre pire ennemi de ce voyage, car peu d'entre nous avaient prévu une doudoune et des gants pour aller en Afrique !! Heureusement, j'avais mon polaire, un K-Way et mon bonnet, qui m'ont sauvé ! Mais, le pire a été atteint vers 5 h 00 du matin. Le thermomètre d'Yves Delaye, recroquevillé dans sa couverture, a confirmé que nous venions de passer la barre fatidique. « Eh ben on y sera arrivé ! » s'est-il soudain exclamé. Le thermomètre indiquait 0° C, et un taux d'humidité de 82 %... Pas étonnant que nous avons tous eu l'impression de la nuit la plus froide de notre vie ! Heureusement, à peine deux heures après, le Soleil se levait, apportant doucement un peu de lumière et de chaleur à tous ceux qui n'ont pensé qu'à cela durant ces heures glaciales...
Mais le froid ne nous a pas empêchés d'observer le ciel pour autant, au contraire d'ailleurs, il l'a rendu d'autant plus réconfortant !! Nous avons ainsi pu observer le ciel aux jumelles avec délectation, d'Oméga du Centaure à la Croix du Sud, en passant pour la "boîte à bijoux", petite configuration d'étoiles colorées... Magnifique ! La Voie Lactée brillait intensément au dessus de nous. C'est vraiment là que chacun a pris conscience de son appartenance à une galaxie, tant le spectacle était éblouissant. Et au-dessus de tout ça, Mars, brillante comme un lampadaire, et la majestueuse constellation du Scorpion, qui ne dépasse pas les 20° de hauteur dans le ciel à nos latitudes... Rien que ça nous a comblés pour de bon. Mais ce n'était pas fini.
Après 2 heures à dormir dans le bus entre deux ronflements voisins, nous sommes ressortis dehors vers 4 h 30 du matin, pour admirer le joyau du moment : la comète Linear A2, dans la constellation de la Baleine, et qui a atteint du magnitude proche de 4, ce qui la rend nettement visible à l'oeil nu dans l'hémisphère sud. En France, elle ne serait visible que quelques semaines plus tard. Et effectivement, avec les conseils de notre spécialiste Philippe Morel, nous avons pu admirer cette magnifique comète, nettement visible aux jumelles et encore plus spectaculaire au télescope. Au même moment, comme pour couronner le tout, le petit Nuage de Magellan se levait au sud. L'occasion pour le néophyte du ciel austral de découvrir un autre amas globulaire, 47 Toucan, l'un des plus brillants du ciel. Pour ceux qui connaissent, M13 à côté, c'est du pipi de chat !! Une heure plus tard, c'était au tour du Grand Nuage de Magellan de se lever, mais son observation fut assez mauvaise, car il resta bas sur l'horizon, et ne devint "observable" que lorsque les lueurs de l'aube envahirent le ciel par l'est... Pendant ce temps, Vénus s'était levée et brillait comme je ne l'avais jamais vue. Suivie plus tard par Saturne, accompagnée de l'étoile Aldébaran. Il ne manquait plus que Jupiter pour nous combler, mais on s'est réservé ça pour le moment fort de l'après-midi à venir...
L'aube africaine : des couleurs uniques. Alors que les principales étoiles se sont déjà effacées dans les lueurs du petit matin, la brillante Vénus brille encore au-dessus de nos instruments...
J. 3 : Jeudi 21 Juin 2001 - Jour de l'éclipse - Solstice d'Hiver (dans l'hémisphère sud)
A moins de six heures du début de l'éclipse, il était temps d'aller se réchauffer en mangeant le meilleur petit déjeuner de notre séjour ! Au menu : oeufs brouillés, oeufs pochés, haricots rouges, toasts immenses avec confiture, beurre, et jus de fruit à volonté... Plus café et lait, bien entendu... Autant vous dire qu'après une nuit pareille, ça réveille et ça réchauffe de manger comme ça !!
Vers 7 h 00, le premier groupe d'observateurs (à part le nôtre) arrive à l'hôtel. Il s'agit des membres d'un congrès de l'UNESCO sur les problèmes africains. 80 % d'entre eux étant francophones, il nous a été facile de communiquer avec eux, dans toute la joie et la sympathie qui font la force de ce rassemblement. Après un petit déjeuner identique au nôtre, certains sont venus flâner autour de notre terrain d'observation, situé à 200 mètres de l'hôtel, et par la même occasion discuter entre francophones.
Nous sommes le matin du 21 Juin. Tout le monde est déjà installé. Dans quelques heures va se dérouler ici un phénomène que personne n'oubliera !Vers 10 h 00, la totalité de notre groupe est enfin sur place. Aucun problème pour le déplacement de Kabwe jusqu'à nous, contrairement aux craintes de la veille... Nous sommes alors près de 70 français éparpillés sur un champ de 100 mètres sur 40, où l'herbe est parfaitement tondue et les arbres pas du tout gênants... A 200 mètres de là, l'hôtel, orné de sa magnifique piscine (surmontée d'un beau cocotier), autour de laquelle se sont installés d'autres français, du groupe "Géospace", et les barbecues et buffets du midi qui approche.
Sur les coups de 11 h 00, l'ambiance commence sérieusement à être à la fête sur tout le site d'observation. Auprès de l'hôtel, des groupes zambiens commencent à danser et divers observateurs locaux ou francophones ont planté trépieds ou chaises longues en attendant le début de l'événement.
Vers midi, on sent déjà les odeurs de viande grillée envahir tous les environs, et les clameurs du public fêtard retentir au loin. Ça y est : la fête a commencé. A 200 mètres de nos trépieds, un groupe de danseurs met de l'ambiance au rythme des tambours, au bord de la piscine, alors que plus loin une chorale professionnelle chante des hymnes de toute beauté. De l'autre côté, on fait déjà la queue pour le buffet froid. Tout le monde est un peu éparpillé sur le site, mangeant de manière alternée. Car il faut toujours des gens surveillant les instruments sur le site... Après quelques morceaux de viande et de tarte ingurgités, nous revoilà tous à nouveau au bon endroit, au bon moment. Il est déjà 13 h 10... l'éclipse commence dans une demi-heure... Le temps de flâner une dernière fois auprès des danseurs et chanteurs africains, puis de régler les derniers détails pour les appareils photos, et il est 13 h 30. Dans 10 minutes, le premier contact.
13 h 38. Tout le monde est à son poste. La tension est à son comble. Dans trois minutes, plus de deux ans d'attente vont prendre fin. Pour 90 % d'entre nous, c'est l'instant d'une libération, un sentiment qu'inéluctablement, c'est bon, ça va se passer. Le ciel est d'un bleu profond, comme jamais je ne l'avais vu auparavant. Le ciel zambien restera pour beaucoup de français (et pas seulement de notre groupe) comme l'un des plus purs qu'ils aient connu). Cette pureté exceptionnelle du ciel nous est confirmée par Philippe Morel, "le pro" de notre petit groupe de 5 à l'avant du champ d'observation. En mettant son doigt devant le Soleil, on ne voit aucun halo lumineux : le bleu profond est bien tout autour. C'est signe d'un ciel très pur. Tout ceci nous stresse encore plus, à l'idée de savoir qu'il est désormais inévitable que nous allons avoir une éclipse extraordinaire.
13 h 41. Premier contact. Certains se font reprendre d'avoir annoncé le début de l'éclipse trop tôt, mais ils sont vite repris par le temps, qui en quelques secondes confirme l'inéluctabilité de l'éclipse totale à venir. Les appareils photos crépitent pour la première fois en même temps. Le mien aussi. Le premier contact, ça ne se rate pas. C'est vraiment fort. Maintenant c'est parti, dans une heure et demie, c'est la totalité tant attendue.
Ça y est, l'éclipse est commencée. Au premier plan, Philippe Morel et son Nexstar 5...