Attention danger !
Les conseils pour observer le Soleil en toute sécurité

Attention les yeux ! On en a énormément parlé cet été... La pénurie de lunettes "spéciales éclipse" en a fait rire certains (même moi, je l'avoue...) mais il faut bien reconnaître que l'observation du Soleil n'est pas donnée à tout le monde car elle comporte des risques certains. Il y a donc des choses à savoir, même si ceux qui iront voir les prochaines éclipses sont - a priori - déjà bien au courant. Si la phase totale de l'éclipse, lorque le Soleil est complètement caché par la Lune, est sans danger pour les yeux (là dessus il faut être clair !), l'observation de la phase de progression (avant l'éclipse), lorsque le Soleil éclaire encore un peu, peut être très dangereuse. De bonnes sécurités existent, simples, sûres et indispensables. Rappel en 6 question.

1. Pourquoi faut-il se protéger les yeux lors d'une éclipse de Soleil ?

Observer l'astre du jour directement comporte des risques importants pour la vue. Les rayons solaires peuvent en effet provoquer des brûlures irréversibles sur de parties vitales de l'oeil. La lumière traverse le cristallin et se focalise sur la macula, la partie centrale de la rétine, responsable à 80 % de l'acuité visuelle. Il suffit de quelques secondes d'exposition pour que cette zone sensible soit brûlée de façon irrémédiable. L'individu a qui cela a le malheur d'arriver perd donc 80 % de sa vue, mais en plus, la lésion qui en résulte se traduit par petit disque, une tache noire, image négative du Soleil, brûlure imprimée à vie sur la rétine. Ce danger est d'autant plus insidieux que la brûlure causée par l'observation est tout à fait indolore. Ce n'est que quelques heures après l'exposition au Soleil que les victimes ressentent un fort mal de tête. Consulter un ophtalmologue dans les plus bref délais devient alors une nécessité. Mais il est souvent trop tard.
Une attention plus particulière doit être accordée aux enfants. Plus ils sont jeunes, plus leur cristallin est transparent, et moins il les protège du rayonnement solaire. Les personnes souffrant de maladies occulaires doivent également se protéger la vue sans le moindre compromis !

2. Quels sont les rayonnements dangereux pour la vue émis par le Soleil ?

Regarder le Soleil dans les yeux, c'est recevoir de la lumière "visible" mais aussi des rayons invisbles : les ultraviolets (les fameux UV qui provoquent les coups de soleil), et les infrarouges. Le cristallin est fait pour laisser passer l'essentiel de la lumière visible, et filtrer ces deux rayons invisibles. Mais tout de même 3 à 5 % de ces rayons nocifs atteignent la rétine. Une exposition de plusieurs secondes à ces trois rayons a une action néfaste sur l'oeil humain : la lumière visible provoque des réactions photochimiques qui détruisent les cellules, l'effet thermique des infrarouges brûle la rétine, et les ultraviolets sont responsables d'une dégénérescence précoce de la rétine...

3. Que peut-on définir comme une protection solaire directe ?

C'est un dispositif qui filtre les différents rayonnements du soleil (visibles, ultraviolets et infrarouges) et rend toute observation directe inoffensive. Des critères internationaux amènent à un minimum de protection : un bon filtre solaire doit laisser passer au maximum 0,003 % de lumière visible, 0,0032 % d'ultraviolets et 0,027 % d'infrarouges. Ces taux de transmissions sont garantis par les lunettes spéciales équipées de film aluminisé et par des filtres de protection dont les numéros dits "d'échelon" ou "d'ombre" sont compris entre 12 et 16. Un critère supplémentaire : la paire de lunettes en film plastique aluminisé doit recouvrir très largement les yeux, pour que la lumière solaire n'atteigne même pas les paupières.

4. Concrètement, quelle protection choisir pour observer une éclipse ?

Il est vivement conseillé de s'assurer que la protection utilisée est sûre, et respecte les critères décrits précédement. Dans le cas le plus courant, celui d'une paire de lunettes de protection "éclipse", celle-ci doit présenter sur sa monture le sigle CE de Certification Européenne, suivi du numéro de référence attribué à l'organisme responsable de la certification (en France, l'INRS : Institut National de la Recherche et de la Sécurité). Il doit également répondre à la directive 89/686/CEE. Indications qui doivent impérativement figurer en français et faire état d'une date de péremption. Si votre paire de lunettes "éclipse" ne comporte pas toutes ces indications, NE L'UTILISEZ PAS !
Vous pouvez également utiliser des filtres faits en film alunimisé (appelé communément Mylar, en référence à la marque exclusive de la société Dupont de Nemours), qui sont les outils de protection idéale, à condition que le filtre ne soit pas froissé ou déchiré. La juxtaposition de plusieurs feuilles de Mylar sont une bonne protection au bout d'une lunette astronomique ou d'une paire de jumelles si elles sont bien ajustée et dépassent largement le champs de l'instrument. Mais après utilisation, il faut jeter les feuilles. Quand aux verres de soudeur, leur utilisation n'est valable que si toutes les informations techniques concernant le procuit y sont attachées. Sachant qu'ils sont conçus pour protéger des sources lumineuses dont le spectre est différent de celui du Soleil, il est clair que nombre d'entre eux ne sont pas utilisables. S'ils portent la norme EN 169/1992 avec un numéro d'échelon compris entre 12 et 16, ça pourra quand même aller. Encore faut-il connaître ces niveaux de protection. Et pour la plupart des articles, ces informations ne sont pas attachées au produit.


Pour l'été 1999, des millions de paires de lunettes comme celle-ci ont été distribuées partout en Europe.
Avec ça, vous pouvez suivre une éclipse en toute sécurité.

5. Quelle confiance peut-on accorder aux protections artisanales ?

Il est vrai qu'il existe une foule d'accessoires dont il est tentant de détourner l'utilisation pour les transformer en filtres solaires improvisés.
Quelques exemples qui ne sont pas la bonne solution :

- les pellicules photo (films ou diapositives), qu'elles soient développées ou superposées.
- les radiographies, développées ou pas, argentées ou pas.
- le verre fumé ou noirci à la flamme d'une bougie.
- observer le Soleil à travers un CD ou un DVD.

Les "recettes populaire" les plus dangereuses :

- l'accumulation de plusieures paires de lunettes de soleil : ça ne sert à rien et c'est extrêmement dangereux (si la lumière visible est atténuée, les rayons nocifs du Soleil ont la part belle).
- observer l'image du Soleil se réfléchissant dans une bassine d'eau : ça ne sert à rien non plus (la quantité de rayonnement reçue par l'oeil reste environ 1000 fois supérieure à ce qu'elle devrait être !).

6. Doit-on renoncer à observer une éclipse de Soleil si l'on ne dispose d'aucune protection ?

C'est un fait incontestable. Sans protection, il est impossible de regarder directement une éclipse. Aussi, pour suivre le passage de la Lune devant le disque solaire, des moyens d'observation indirects sont recommandés :


L'observation indirecte permet de suivre une éclipse de Soleil sans aucun danger.
Attention quand même a ne pas faire fondre vos oculaires en projetant le Soleil !

Il ne faut jamais regarder le Soleil dans des jumelles ou dans l'oculaire d'une lunette astronomique ou d'un télescope. Vous pouvez projeter l'image sur un écran blanc, mais ne mettez jamais l'oeil à l'oculaire. Cela concentrerai de plus belle sur la rétine la lumière et la chaleur d'une centaine de soleils, l'équivalent d'un petit four ! Le risque de perdre instantanément la vue. Les filtres en verre sombre "SUN" livrés parfois avec les lunettes astronomiques ou les télescopes sont dangereux car, placés au foyer de l'instrument, ils subissent de très hautes températures et peuvent éclater au bout de quelques dizaines de secondes. On leur préférera une protection solaire - Mylar ou lame en verre optique spécial - fixée devant l'entrée du tube, une ouverture diaphragmée réduisant encore les risques.

Enfin, et c'est le seul moment où l'observation directe ne comporte aucun risque, il n'est pas nécessaire de se protéger la vue pendant la phase de totalité de l'éclipse. Quand la Lune masque entièrement le Soleil, sous l'ombre de notre satellite naturel, la lumière de l'astre noir peut se regarder droit dans les yeux. Pendant quelques courtes minutes, le Soleil n'est pas plus dangereux qu'une lointaine étoile.

Quelques instants seulement...

- Article réalisé à l'aide du mensuel Ciel & Espace d'Octobre 1998 -

Comment photographier une éclipse ?